Les crêtes vosgiennes : immersion dans la colonne vertébrale de l’Alsace

La Ligne des Crêtes – ou Route des Crêtes – suit le relief du massif vosgien sur plus de 70 km, de Sainte-Marie-aux-Mines au col du Grand Ballon. Côté randonnée, cette ligne est un fil rouge pour découvrir la diversité des Vosges du Sud au Nord.

Le Hohneck par la Wormsa : une traversée des éléments

  • Distance : 15 km (boucle, niveau confirmé)
  • Dénivelé : +800 m
  • Lieu de départ : Mittlach ou la vallée de la Wormsa

Le sentier démarre de la vallée glaciaire de la Wormsa, célèbre pour ses cascades et ses chaos granitiques. Il grimpe à travers une forêt moussue pour déboucher au sommet du Hohneck, troisième sommet vosgien (1363 m). On y découvre une vue circulaire impressionnante, sur la plaine d’Alsace à l’est et la Forêt Noire par temps clair. La faune locale – chamois, faucons, lynx parfois – ajoute au sentiment de nature intacte.

Le Grand Ballon : sommet de l’Alsace

  • Distance : 8 km (boucle, facile à modéré)
  • Dénivelé : +400 m
  • Lieu de départ : Vieil Armand/Hartmannswillerkopf ou Col Amic

Point culminant du massif vosgien (1424 m), le Grand Ballon offre un panorama inégalé. Par beau temps, il permet d’apercevoir les Alpes bernoises. Plusieurs sentiers balisés convergent vers le sommet, à travers chaumes (prairies d’altitude) et hêtraies. C’est aussi un site chargé d’histoire : le monument des Diables Bleus rappelle le rôle du secteur durant la Première Guerre mondiale. Source : Randonner.fr

Les mystères du Piémont : vignobles, villages et châteaux

L’une des grandes forces de l’Alsace, c’est sa variété de paysages à l’échelle de la marche. Entre montagne et plaine, le piémont offre une mosaïque de sentiers traversant forêts, vignes et villages.

Le sentier des châteaux forts

  • Distance : 17 km (boucle ou linéaire possible, difficulté modérée)
  • Lieu de départ : Ottrott ou Obernai

L’Alsace compte plus de 80 châteaux médiévaux, en partie ruinés ou restaurés (Source : Inventaire des châteaux-forts d’Alsace, DRAC Grand Est). Entre Ottrott et Ribeauvillé, un sentier traverse pas moins de trois forteresses remarquables : le Château du Haut-Andlau, le Château du Landsberg et le Château de Dreistein. À travers la hêtraie, le promeneur croise des silhouettes de murailles et de tours, souvent entourées de légendes locales (on raconte à Ottrott que le diable rôde encore dans la tour nord du Haut-Andlau…).

Le sentier viticole de Turckheim à Eguisheim

  • Distance : 13 km (linéaire, facile)
  • Dénivelé : +350 m

De la porte de Turckheim à celle d’Eguisheim, le marcheur serpente au cœur de la route des vins, entre rangs de riesling et villages circulaires. Eguisheim, élu « Village préféré des Français » en 2013, se dévoile en fin de parcours : petites places, nestles de cigognes, ruelles pavées… En automne, les vignes prennent une couleur dorée saisissante et la lumière rasante crée une atmosphère presque toscane – avec le caractère alsacien en plus.

Montagnes et forêts profondes : de l’ambiance vosgienne à l’Alsace sauvage

Le sommet du Petit Ballon par la Lauch

  • Distance : 9 km (boucle, niveau intermédiaire)
  • Dénivelé : +570 m
  • Départ : Auberge du Ried

Le Petit Ballon (1272 m) permet de côtoyer une mosaïque de paysages, entre prairies humides et brandes d’altitude. Le sentier offre des vues dégagées sur la Forêt-Noire et la plaine, et en avril-mai, les jonquilles jaunes tapissent les chaumes. On traverse aussi des marcaires, ces fermes traditionnelles où déguster le munster après l’effort (le fromage, pas la ville !).

Le lac Blanc et la roche du Hans : panorama mystique

  • Distance : 12 km (boucle, assez exigeante)
  • Dénivelé : +600 m

Dans le Haut-Rhin, le lac Blanc est un site glaciaire spectaculaire, encadré de hautes falaises. Depuis le parking, un sentier escarpé grimpe jusqu’à la Roche du Hans : la légende prétend que le spectre de Hans von Ribeaupierre hante la crête les nuits de brouillard. Par temps clair, la vue sur le lac et sur les montagnes du Baroque vosgien est saisissante. Selon la période, vous pourrez entendre le brame du cerf – un souvenir sonore inoubliable.

Le Ried et le Rhin : l’Alsace des eaux et des terres basses

Changer d’ambiance pour rejoindre le Grand Ried, vaste plaine aux mille bras d’eau et prairies inondables entre Sélestat et Strasbourg. Le promeneur y découvre des paysages subtilement différents, aux confins du visible et de l’invisible, où les cigognes côtoient les castors et les libellules.

La réserve naturelle de l’île de Rhinau

  • Distance : 9 km
  • Dénivelé : négligeable (site plat, accessible à tous, poussettes possibles)

Un parcours en boucle dans la réserve naturelle de l’île de Rhinau, accessible en bac à câble depuis le village, invite à explorer une mosaïque de forêts alluviales, bras morts du Rhin et prairies humides. On y observe plus de 170 espèces d’oiseaux (Source : LPO Alsace), des traces de castors, et parfois des orphelins de la nuit européenne, ces chauves-souris migratrices.

Les sentiers patrimoniaux : entre mémoire, histoire et nature

Le Mont Sainte-Odile et le mur païen

  • Distance : 10 km (boucle, difficulté modérée, fort dénivelé)
  • Dénivelé : +500 m
  • Départ : Ottrott ou le parking de la Bloss

Le mont Sainte-Odile (763 m) est un lieu spirituel depuis l’antiquité. La randonnée emprunte une portion du mystérieux mur païen : un immense rempart mégalithique long de 10 kilomètres, dont l’origine exacte demeure inexpliquée (sources universitaires, CNRS). Du sommet, la vue ouverte sur la plaine d’Alsace jusqu’aux collines de la Forêt-Noire invite à la contemplation. L’abbaye elle-même, haut-lieu de pèlerinage, est accessible au marcheur respectueux, comme un trait d’union entre histoire, spiritualité et nature.

Le sentier du Struthof : histoire et mémoire

  • Distance : 6 km (boucle, facile)
  • Départ : Natzwiller, station du Struthof

Ce parcours mène au cœur du seul camp de concentration nazi installé sur le sol français : le Struthof. Les sentiers qui entourent ce site sont aujourd’hui un lieu de mémoire (Source : Fondation du Patrimoine Alsace), propices au recueillement autant qu’à la découverte de la hêtraie, entre gazons montagnards et anciens miradors transformés en points d’observation.

Informations pratiques : bien préparer sa randonnée en Alsace

  • Cartographie : Les topo-guides de la Fédération du Club Vosgien sont une référence. Le balisage rectangle rouge, blanc-rouge, etc., est réputé pour sa précision.
  • Périodes conseillées : Le printemps (avril-mai) explose en couleurs (jonquilles, cerisiers), l’automne offre des ambiances dorées superbes (vignes, forêts feuillues). Prudence l’hiver en altitude (neige, brouillard des Vosges).
  • Dangerosité : Les sentiers des crêtes sont parfois exposés au vent fort, renseignez-vous sur la météo. En été, l’orage monte vite.
  • Produits locaux en chemin : Munster, bredele, jus de pomme artisanal, tartes à la myrtille… chaque randonnée devient prétexte à une halte gourmande chez les producteurs.

Quelques chiffres pour mesurer l’ampleur de la randonnée en Alsace

  • 6000 km de sentiers balisés par le Club Vosgien (source : Club Vosgien, chiffres 2023).
  • Une densité unique en Europe pour une région de cette taille.
  • 51 réserves naturelles accessibles à la marche (source : Réserves Naturelles de France).
  • Plus de 12 millions de nuitées touristiques en 2022 : la randonnée et le tourisme de plein air en constituent une part significative (source : INSEE).

Un territoire de diversité, à la rencontre du vivant

En Alsace, la randonnée à pied n’est pas une simple traversée de paysages, mais un dialogue permanent : avec la nature, avec les traces du passé, avec les histoires que distillent les pierres, les forêts et les habitants. Du mont solitaire aux sous-bois du Ried, chaque marcheur compose son propre itinéraire de découverte, entre itinéraires balisés et coups de cœur improvisés.

Au fil des saisons, ces sentiers révèlent mille nuances d’Alsace : fraîcheur verte du printemps, or profond de l’automne, spectres violets sur les collines au crépuscule. Les plus belles randonnées d'Alsace ne sont pas forcément les plus connues. Elles sont, avant tout, celles où l’on prend le temps de s’attarder, d’écouter et de partager, à l’image de cette région de rencontre, d’histoire et de nature vivante.

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