Explorer les sites UNESCO d’Alsace : itinéraires durables, gestes responsables

L’Alsace, si elle rayonne de mille facettes patrimoniales, a vu inscrire deux sites majeurs au patrimoine mondial de l’UNESCO :

• La Grande Île de Strasbourg, classée en 1988 pour son exceptionnelle densité de monuments et son urbanisme médiéval.
• La Neustadt de Strasbourg, ajoutée en 2017, témoignage unique de l’urbanisme impérial allemand du XIX siècle.

On aurait tort d’oublier la proximité et l’influence de sites transfrontaliers, comme la Vallée du Rhin supérieur : plus au sud, loin d’être en Alsace mais intimement liée, la forteresse de Neuf-Brisach, modèle de l’art militaire construit par Vauban, est inscrite avec une douzaine d’ouvrages en France. Source : UNESCO

Près de 700 000 visiteurs parcourent la Grande Île de Strasbourg chaque année (chiffre Office de Tourisme Strasbourg, 2019). L’afflux pose un défi : entre découverte et respect du fragile équilibre d’usage, la question d’une visite responsable s’impose.

• Des mobilités douces sur l’Île,
• L’encadrement des groupes dans la Cathédrale,
• Le tri des déchets dans les espaces publics,
• Des énergies renouvelables sur certains bâtiments réhabilités…

Ce sont autant de pierres à cet édifice fragile qu’est l’avenir patrimonial.

Venir à Strasbourg et Neuf-Brisach sans voiture

Strasbourg est la capitale française de la mobilité douce. Son réseau de tramway (quasiment 80 km de lignes – CTS, 2023), ses pistes cyclables en étoile et ses nombreuses connexions ferroviaires façonnent un véritable laboratoire du déplacement durable.

• Le train vous dépose à 10 minutes à pied du cœur de la Grande Île.
• Les navettes fluviales (Batorama) proposent une découverte douce et commentée de la ville et ses canaux sans nuisance sonore, avec motorisations électriques.
• Les stations Vélhop louent à l’année ou à la journée des vélos robustes, adaptés à tous, avec des tarifs réservés aux visiteurs de passage (cf. Vélhop Strasbourg).

Neuf-Brisach se découvre idéalement à vélo : l’EuroVelo 15 relie la ville à Strasbourg, puis jusqu’au Rhin transfrontalier. Les trains TER desservent Colmar, puis une navette (303) ou un bus local permet de rejoindre la cité fortifiée (compter 50 minutes depuis Colmar Centre).

Les bonnes pratiques pour une empreinte allégée

• Privilégier des groupes réduits, pour limiter la pression sur les sites sensibles : la cathédrale de Strasbourg, vieille de plus de 1 000 ans, est structurellement fragile. Les visites guidées responsables s’effectuent en petits comités.
• Préférer les visites en semaine ou hors saison : selon l’OT de Strasbourg, la fréquentation dans le cœur historique diminue de plus de 35 % entre novembre et mars. L’expérience devient intime, le site respire mieux.
• Respecter la signalétique indiquant les parcours balisés, pour éviter la dégradation des pavements et espaces verts.
• Utiliser les poubelles dédiées au tri, abondantes dans la ville comme autour de la Place d’Armes à Neuf-Brisach.
• S’informer sur l’histoire avant ou pendant la visite via des applications ou des audioguides, pour ne pas multiplier les supports papier jetables.

Manger et séjourner localement

Nombre d’établissements proposent des approvisionnements de proximité : à Strasbourg, près de 15 marchés couverts ou de producteurs locaux commercent toute l’année sous arcades ou sous chapiteau éphémère. Favoriser les tables et hébergements affichant des labels environnementaux (Clef Verte, Écolabel européen) offre, au-delà d’un confort, un impact positif sur l’économie et les circuits courts. Selon l’Ademe, une nuitée dans un hébergement labellisé consomme en moyenne 25 à 40 % d’énergie en moins. Source : Ademe

La Grande Île de Strasbourg : patrimoine vivant à respecter

• La Cathédrale : privilégier la montée à pied et la visite par petits groupes, ne pas toucher les sculptures restaurées, et rester silencieux lors des offices.
• Le quartier de la Petite France : jalonné de passerelles fragiles et d’écosystèmes fluviaux précieux. Restez sur les chemins aménagés – les zones de bas-côtés, parfois humides, abritent des espèces sensibles.
• Marchés et boutiques d’artisanat : préférez les objets locaux, limitez l’achat de souvenirs importés ou sur-emballés, renseignez-vous sur les ateliers labellisés.

Neustadt et l’art du patrimoine contemporain

• Visites guidées à thème proposées par l’Office de Tourisme engagent l’utilisation d’audiophones, réduisant le volume public et la pollution sonore.
• Balades architecturales recommandées à vélo : ce secteur planifié par les Allemands (1870-1918) est plus étendu et très aéré ; des itinéraires cyclables dévoilent des perspectives inédites sur la Place de la République ou le Palais universitaire.

Les fortifications Vauban de Neuf-Brisach : le modèle de l’humanité défensive

• Favorisez la visite à pied ou à vélo, depuis la gare en navette ou via la piste cyclable EuroVelo 15.
• Les visites guidées programmées en matinée, moins fréquentées, permettent de comprendre l’ingéniosité du tracé hexagonal, tout en respectant le calme des lieux (règle essentielle pour la faune cavernicole et les nids d’hirondelles sous les remparts).
• Participer aux ateliers pédagogiques souvent proposés aux familles : ils évitent la répétition de gestes potentiellement destructeurs, en proposant manipulation, maquettes et explications ludiques.

• Randonnées ou balades solidaires : chaque année, des associations environnementales comme Alsace Nature organisent des marches guidées assorties d’actions de ramassage, de sensibilisation ou de découverte d'espèces locales.
• Bénévolat dans la restauration patrimoniale : certains chantiers participatifs, comme ceux pilotés par la Fondation du Patrimoine local, accueillent ponctuellement des volontaires pour la consolidation de petits édifices, le nettoyage écologique des remparts, etc. (cf. Fondation du Patrimoine).
• Financement participatif : plusieurs plateformes (HelloAsso, Ulule) relaient des appels à dons pour l’entretien ou la restauration d’éléments précieux mais fragiles du bâti alsacien.

Visiter un site classé UNESCO en Alsace, ce n’est pas faire un simple pas dans le passé, mais accepter de s’inscrire dans une histoire commune, tissée d’actes, de gestes et de choix quotidiens. Cela demande de l’attention : choisir un déplacement doux, explorer dans le respect des sites et de la vie locale, privilégier ce qui fait sens et racines. Les itinéraires durables ont cet incroyable pouvoir : ils irriguent le patrimoine de regards neufs et offrent aux générations futures la chance de s’émerveiller, elles aussi, devant ces trésors vivants.