Colmar : Au cœur de l’Alsace, la perle de la route des vins

Considérée à raison comme la ”capitale des vins d’Alsace”, Colmar s’affirme aussi comme l'une des villes les plus visitées de France (plus de 3,9 millions de visiteurs en 2023 selon l’Office de Tourisme). Si tant de regards se tournent vers elle, c’est que son centre sauvegardé, véritable vitrine à ciel ouvert de l’architecture alsacienne, séduit par sa palette de maisons à colombages, de ruelles fleuries et de canaux paisibles.

Mais Colmar ne se limite pas à sa carte postale médiévale. La ville abrite des trésors d’art, à l’image du célèbre musée Unterlinden et son “Retable d’Issenheim”, classé parmi les chefs-d'œuvre de la Renaissance en Europe (source : Musée Unterlinden). On y découvre aussi l’extraordinaire Maison Pfister, prototype de la maison bourgeoise du XVIe siècle, ou encore l’ancienne douane (Koïfhus), cœur marchand historique. Colmar, c’est enfin une atmosphère unique : marchés de Noël d’exception, fêtes viticoles, terrasses sous les platanes… une expérience à vivre toute l’année.

Obernai : Le charme préservé d’une cité médiévale alsacienne

En bordure du Piémont vosgien, Obernai figure parmi les “Plus Beaux Détours de France”. Avec près de 12 000 habitants, la cité conjugue vitalité et patrimoine, et s’illustre par la richesse de son tissu urbain médiéval. Les remparts (2,4 km encore visibles sur les 1 400 m d’origine) et les tours ponctuent l’horizon, rappelant le passé de ville impériale du Saint-Empire romain germanique (source : Ville d’Obernai).

Déambuler à Obernai, c’est traverser la place du Marché, dominée par la halle aux blés et son puits à six seaux (1579), découvrir l’église Saints-Pierre-et-Paul, exemple remarquable d’architecture néogothique, ou s’aventurer sur les sentiers viticoles environnants. Les traditions y vivent encore, notamment lors du carnaval ou de la fête de la choucroute, l’un des temps forts du calendrier local.

Wissembourg : La porte nord de l’Alsace et un patrimoine d’exception

Au nord de la région, blottie contre la frontière allemande, Wissembourg déroule une histoire bimillénaire. D’abord abbaye bénédictine fondée dès le VIIe siècle (l’abbatiale Saint-Pierre-et-Paul conserve des vestiges carolingiens), la cité accueille au fil du temps marchands, pèlerins et soldats.

  • Les vestiges médiévaux : remparts, portes fortifiées (Bruchtor et la porte de Strasbourg), ponts couverts – autant de témoins d’un riche passé défensif.
  • Un centre ancien préservé : maisons à pans de bois, ruelles fleuries, places calmes et canaux serpentant entre jardinets cachés.
  • L’héritage franco-allemand : Wissembourg a défrayé la chronique européenne lors de la Guerre de 1870, première ville envahie après la proclamation de la guerre.

Réputée pour son patrimoine architectural et naturel – le Parc naturel régional des Vosges du Nord débute ici – Wissembourg séduit aussi par ses festivals et l’ambiance conviviale de ses winstubs.

Sélestat : Carrefours de l’humanisme et de la culture alsacienne

Sélestat, située au croisement entre Strasbourg et Colmar, joue un rôle clé dans la transmission du savoir et du patrimoine en Alsace. La ville compte environ 20 000 habitants et fut, du XVe au XVIe siècle, un foyer majeur de l’humanisme rhénan. La Bibliothèque humaniste, entièrement rénovée et classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2011, conserve près de 550 manuscrits et 1 600 imprimés anciens (source : Bibliothèque Humaniste de Sélestat).

La ville impressionne aussi par la coexistence harmonieuse de l’église Sainte-Foy (romane du XIe siècle) et de l’église Saint-Georges (gothique, XIIIe-XVe siècles), véritables repères dans l’histoire architecturale régionale. Sélestat reste vivante, animée par le Corso fleuri, la Fête de la tarte à la choucroute et son marché de Noël labellisé “Villes et Villages de Noël”.

Ribeauvillé : Entre douceur viticole et vieilles pierres

À mi-chemin entre Colmar et Sélestat, Ribeauvillé s’étire le long du Strengbach et de la Route des Vins. Ici, la vigne dicte le paysage – plus de 380 hectares de vignoble, dont des Grands Crus comme le Geisberg et l’Osterberg (source : Office de Tourisme Ribeauvillé-Riquewihr).

Le cœur ancien, ceinturé autrefois de remparts, collectionne les enseignes sculptées, les fontaines Renaissance et les maisons décorées de geraniums. Trois châteaux féodaux dominent la ville, accessibles à pied par un sentier historique : le Saint-Ulrich (XIe-XVe siècle), le Girsberg et le Haut-Ribeaupierre. Chaque année, les Médiévales plongent Ribeauvillé dans une ambiance festive, ponctuée de musiques, de spectacles et de déambulations costumées.

Saverne : Histoire, canaux et châteaux au Nord Vosges

Saverne s’ouvre aux voyageurs par son vaste château des Rohan, surnommé le “petit Versailles alsacien” : édifié entre 1780 et 1790, il abrite aujourd’hui trois musées, dont celui d’archéologie et d’histoire. La vieille ville, centrée autour de la Grand’Rue, regorge de maisons de notables du XVIIIe siècle (notamment la Maison Katz, joyau Renaissance). Les vestiges du canal de la Marne-au-Rhin et l’ancien port rappellent aussi la vocation batelière de Saverne.

  • Un héritage stratégique : Saverne fut le point clef du passage des Vosges par la vallée de la Zorn, marqué par la silhouette romantique du Château du Haut-Barr, surnommé “l’œil de l’Alsace”.
  • Une vie locale dynamique : festivités (Fête de la Rose, Marché de Noël médiéval), nombreuses associations d’histoire locale, un Jardin botanique remarquable au pied des Vosges.

Rosheim : L’art roman, de pierre et de lumière

Moins connue du grand public mais indispensable pour les amateurs de patrimoine, Rosheim doit sa renommée à ses églises romanes. L’église Saint-Pierre-et-Paul, édifiée dès 1147, offre une façade sculptée considérée comme l’un des fleurons du roman alsacien (source : Patrimoine Rosheim).

La cité conserve également 500 mètres de remparts médiévaux, six tours dont la porte romane, d’élégantes maisons Renaissance et gothiques, ainsi que le caveau Ste-Hélène, vestige d’un ancien hôtel de ville. La “Route Romane d’Alsace”, créée officiellement en 1997, valorise aujourd’hui ces témoins précieux disséminés sur le territoire local et régional.

Thann : Entre montagnes, vigne et chef-d’œuvre gothique

Aux confins du sud alsacien, Thann s’impose par son paysage dominé par la silhouette de la Collégiale Saint-Thiébaut, considérée comme l’un des plus beaux monuments gothiques de France (flèche de 78 mètres, d’une finesse exceptionnelle). La ville, d’environ 8 000 habitants, a développé dès le Moyen Âge une prospérité liée au commerce du vin, favorisée par la proximité du col de Bussang et du massif vosgien.

Le vignoble du Rangen, réputé pour ses coteaux escarpés et ses Grands Crus (le seul classé “Grand Cru” dans le Haut-Rhin), s’étage à 350 mètres d’altitude, livrant des vins minéraux et puissants. Thann renferme aussi une porte fortifiée (Porte de la Tour des Sorcières, XIVe siècle), un musée historique, des traces de forêts et de sentiers menant aux ruines du château de l’Engelbourg – aussi appelé “l’Oeil de la sorcière”.

Les cités alsaciennes classées, labellisées ou distinguées

Pour préserver le patrimoine et valoriser l’authenticité territoriale, plusieurs labels distinguent les cités de caractère en Alsace :

  • “Villes et métiers d’art” (Obernai, Sélestat, Rosheim…) pour leur dynamisme artisanal.
  • “Villes et Pays d’art et d’histoire” (Colmar, Sélestat) décerné par le ministère de la Culture.
  • “Plus Beaux Villages de France” (Eguisheim, Hunspach, Riquewihr… voisins directs de notre sélection).
  • “Villes et Villages fleuris” : la région est la plus récompensée de France, avec près de 200 communes labellisées (source: Villes et Villages Fleuris).

À cette liste, s’ajoutent dans le Bas-Rhin et le Haut-Rhin de nombreuses communes signataires de la Charte nationale des Cités de Caractère.

Le patrimoine religieux, fil conducteur des villes alsaciennes

  • Saverne : abbayes, églises gothiques et baroques, ainsi que la synagogue classée.
  • Thann : la Collégiale, reconnue pour l’une des plus belles rosaces de France, et ses magnifiques vitraux médiévaux.
  • Rosheim : cité romane majeure.
  • Sélestat : l’église Sainte-Foy romane voisine l’église Saint-Georges gothique ; c’est aussi un centre du protestantisme dès le XVIe siècle.

De nombreux autres sites sont à noter : l’abbatiale de Marmoutier (XIe-XIIe siècle), la cathédrale de Strasbourg (la plus visitée après Notre-Dame de Paris, selon le ministère de la Culture), ou encore le Mont Sainte-Odile, lieu de pèlerinage toujours vivant.

Nord ou Sud : nuances et contrastes des cités alsaciennes

Par leur histoire, leur géographie et même leur dialecte, les villes du nord et du sud de l’Alsace diffèrent sur plusieurs points :

  • Le nord (Wissembourg, Saverne) : on y décèle une plus forte influence germanique et un patrimoine militaire dense. Les paysages alternent forêts du Parc des Vosges du Nord et vallées profondes. Les villages sont plus dispersés, les traditions très ancrées (Fête du Bretzel, marchés hebdomadaires typiques).
  • Le sud (Colmar, Thann, Ribeauvillé) : l’accent est mis sur la culture viticole, avec des cités resserrées autour de la route des vins, des événements autour du raisin et de nombreux villages fleuris. Plus de 50 % du vignoble alsacien se concentre dans le Haut-Rhin (source : Interprofession des vins d’Alsace).

Chaque cité exprime à sa manière l’âme de l’Alsace, entre héritage roman et gothique, mémoire juive et protestante, savoir-vivre gourmand et hospitalité partagée. Explorer ces villes de caractère, c’est embrasser mille ans d’histoire, comprendre la résilience d’un territoire “entre deux mondes”, et rencontrer, à chaque étape, une communauté fière de ses racines et curieuse de l’avenir.

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