Strasbourg : berceau de la diversité et puissance spirituelle

Strasbourg, capitale européenne, s’impose comme la ville d’Alsace où le patrimoine religieux est le plus dense et le plus varié. Sa cathédrale Notre-Dame, chef-d’œuvre du gothique achevé à la fin du XVe siècle, attire plus de quatre millions de visiteurs par an selon le site de la Cathédrale de Strasbourg. Sa flèche, haute de 142 mètres, fut la plus haute du monde jusqu’au XIX siècle. Réputée pour sa façade ciselée de dentelles de pierre, elle abrite un spectaculaire horloge astronomique Renaissance et des vitraux médiévaux uniques.

  • L’Église Saint-Thomas : Célèbre pour son chœur protestant, son orgue Silbermann de 1741 et le tombeau du maréchal de Saxe, c’est l’un des plus importants lieux du protestantisme luthérien en France.
  • Le Temple Neuf : Symbole du calvinisme alsacien, il fut reconstruit après l’incendie de 1870.
  • La Synagogue de la Paix : Édifiée en 1958, elle incarne le renouveau de la communauté juive à Strasbourg après la Shoah et rappelle que la ville est aujourd’hui la plus importante communauté juive de province.
  • Les églises Saint-Pierre-le-Jeune (luthérienne et catholique), voisines et rivales historiques, témoignent de la cohabitation de deux confessions sous un même vocable.

L’offre patrimoniale est complétée par de nombreuses églises néogothiques ou néoromanes du XIX siècle, dont les clochers rythment l’atmosphère de la ville. Strasbourg se distingue aussi par l’histoire du quartier Krutenau et son ancienne église Saint-Nicolas, associée à la figure d’Albert Schweitzer qui y fut organiste.

Pour en savoir plus : Site officiel de la Cathédrale de Strasbourg

Colmar : splendeur médiévale et équilibre confessionnel

Colmar, centre historique du vignoble, offre un véritable condensé du patrimoine religieux alsacien. Sa silhouette est dominée par la collégiale Saint-Martin, vaste monument gothique commencé au XIII siècle.

  • Collégiale Saint-Martin : Avec ses 70 mètres de long et sa toiture polychrome en tuiles vernissées, elle évoque plus une cathédrale qu’une simple collégiale. Ses chapelles, statues, fresques et vitraux racontent l’histoire religieuse et politique de Colmar.
  • L’Église des Dominicains : Édifiée au cours du XIV siècle, elle abrite autrefois le « Retable de la Vierge au buisson de roses » de Martin Schongauer (aujourd’hui conservé au Musée Unterlinden).
  • L’Église Saint-Matthieu : Elle incarne la Réforme protestante à Colmar et est un exemple rare d’église convertie au culte réformé dès la seconde moitié du XVI siècle.
  • La commanderie Saint-Jean : un rare vestige de l’implantation hospitalière dans la ville, matérialisant le rôle caritatif de l’Église avant la Révolution.

La coexistence harmonieuse des principales confessions chrétiennes se lit dans l’urbanisme même. Colmar connut ponctuellement des communautés juives et possède aujourd’hui une synagogue construite en 1839, sobre mais emblématique du renouveau du judaïsme alsacien au XIX siècle.

Source : Mairie de Colmar, Musée Unterlinden

Haguenau et Saverne : portes du Nord, terres d’abbayes et d’histoires croisées

  • Haguenau a longtemps été un foyer spirituel centré autour de l’abbatiale Saint-Nicolas et de la chapelle Sainte-Catherine. Son patrimoine religieux met en lumière son rôle de capitale impériale médiévale et un important foyer luthérien.
  • Saverne, adossée aux contreforts des Vosges, est réputée pour son imposante église Sainte-Marie, œuvre du XVIII siècle dans un style baroque rhénan rare en Alsace. La ville fut aussi marquée par la présence de communautés juives et protestantes, symbolisée par le temple protestant (1892) et la synagogue, chef-d’œuvre néo-mauresque inscrite aux monuments historiques.

Point d’intérêt remarquable de cette région : le couvent du mont Sainte-Odile surplombant la plaine d’Alsace, haut lieu de pèlerinage et de spiritualité depuis le VIII siècle. Avec plus de 1 million de visiteurs annuels (Source : Mont Sainte-Odile), ce site offre chapelles romanes, cryptes, fresques et sentiers associés à la sainte patronne de l’Alsace.

Dans ces cités, le patrimoine se découvre autant dans la pierre que dans le souvenir des processions, lieux de réunion des confréries et cimetières, témoins d’une riche histoire religieuse partagée.

Wissembourg, Sélestat : quand l’histoire religieuse dessine la ville

Wissembourg : l’empreinte de l’abbaye bénédictine

Située à la frontière franco-allemande, Wissembourg est avant tout marquée par l’Abbatiale Saints-Pierre-et-Paul, deuxième plus vaste édifice religieux d’Alsace après la cathédrale de Strasbourg. Fondée au VII siècle, remaniée entre le XIII et le XVe siècle, elle accueille chaque année le festival international d’orgue, faisant vivre un superbe orgue Stiehr-Mockers.

  • Son cloître médiéval et les vestiges romans évoquent l’ancienne puissance de la vie monastique et de ses scriptoriums, où naquirent des manuscrits emblématiques du Moyen Âge alsacien (voir Wikipedia Abbaye de Wissembourg).

Sélestat et la rencontre des religions

À Sélestat, l’église Saint-Georges illustre le gothique flamboyant rhénan dans toute sa majesté avec des vitraux du XVe siècle parmi les plus anciens conservés en Alsace. À deux pas, l’église Sainte-Foy témoigne du passage du roman au gothique. C’est aussi Sélestat qui accueille une importante communauté juive dès le Moyen Âge, documentée via des stèles hébraïques datées du XIII siècle, exposées au Musée du Pays de Hanau.

Mulhouse, Guebwiller : la diversité religieuse moderne et l’héritage industriel

Mulhouse, longtemps bastion protestant par excellence, a développé un patrimoine religieux marqué par son passé industriel, au croisement des flux religieux du bassin rhénan.

  • Temple Saint-Étienne : Vue imprenable sur le centre-ville, ses vitraux du XIV siècle, son orgue Callinet de 1865 en font le principal édifice réformé de la ville. Il témoigne d’une “Réforme urbaine” rare en France, amorcée dès 1523.
  • Église Saint-Étienne, catholique : Bâtiment néo-gothique du XIX siècle, partie intégrante de la silhouette industrielle du centre-ville.
  • Secteur de la Synagogue : Mulhouse a vu naître l’une des communautés juives les plus importantes du Haut-Rhin. Sa synagogue actuelle, achevée en 1849, est un témoin précieux de cette histoire.

Non loin de là, à Guebwiller, l’abbatiale de Murbach, joyau roman du XII siècle, est l’un des rares témoignages de l’architecture monastique préservée en Alsace. Son portail roman, sa forteresse abbatiale et son histoire liée à la diffusion du christianisme dans les vallées rhénanes en font un point d’orgue pour tout amateur de patrimoine religieux alsacien.

Source : Tourisme Mulhouse, Abbaye de Murbach

Ribeauvillé, Obernai et Rosheim : joyaux romans et synagogues discrètes

  • Ribeauvillé : Outre ses trois châteaux, la ville possède l’église Saint-Grégoire, dont les éléments romans du XII siècle rappellent les grandes heures de l’art alsacien. Sa tour et sa nef accueillent des fresques gothiques peu connues du grand public.
  • Obernai : Haut-lieu de dévotion à Sainte Odile, Obernai se distingue par l’église Saints-Pierre-et-Paul (XIX siècle) mais aussi par des traces importantes de communauté juive, dont la synagogue (1876) et le mikvé médiéval attestent la présence dès les premières croisades.
  • Rosheim : Ville d’art roman par excellence, son église Saint-Pierre-et-Saint-Paul (1131-1167) est l’un des plus beaux exemples de l’art roman alsacien, cité dans tous les ouvrages d’histoire de l’architecture. Rosheim abrite aussi l’une des synagogues rurales les plus anciennes de France, restaurée au XIX siècle.

Ces localités sont précieuses pour leur capacité à condenser en quelques rues les traces de plusieurs confessions, illustrant la richesse et la profondeur du dialogue interreligieux en Alsace.

Source : Dossiers patrimoniaux DRAC Grand Est

Petites cités d’exception : Marmoutier, Ebersmunster, Hunawihr…

L’Alsace est aussi tissée d’abbayes rurales et d’églises de village dont l’importance historique contraste avec la taille du bourg. Parmi elles :

  • Marmoutier : Son abbaye bénédictine du VI siècle possède une façade romane et un tribune d’orgue Silbermann réputée. L’église a traversé intacte guerres et révolutions.
  • Ebersmunster : L’abbatiale baroque, construite par l’ordre de Saint-Benoît entre 1727 et 1728, possède des fresques impressionnantes et un orgue Silbermann classé, selon le site officiel de l’Abbatiale.
  • Hunawihr : L’église fortifiée Saints-Jacques-et-Philippe, perchée sur sa butte, servait de refuge à la population lors des invasions. Rare exemple d’église partagée entre protestants et catholiques, selon une tradition « simultaneum » typiquement alsacienne.

Ces lieux, souvent méconnus, racontent la spiritualité quotidienne des campagnes et le rôle social de l’Église dans la structuration des territoires.

Le patrimoine religieux alsacien : un écosystème vivant

Explorer les villes alsaciennes à travers leur patrimoine religieux, c’est saisir ce qui relie l’Alsace à la grande histoire européenne tout comme à celle, discrète et tenace, des communautés locales. Ce patrimoine englobe un éventail d’édifices et de traditions lié aux flux des populations, des guerres de religion, et à une inventivité architecturale remarquable.

Des cathédrales spectaculaires aux synagogues villageoises, chaque ville, chaque communauté a posé sa pierre sur l’échiquier du patrimoine alsacien. Aujourd’hui, les offices du tourisme, les sociétés savantes et les associations de sauvegarde œuvrent pour la valorisation et la préservation de ces trésors, ouverts le plus souvent à la visite, voire à la promenade attentive.

Se laisser porter par la lumière d’un vitrail, la solennité d’un cloître ou la rumeur d’un orgue Silbermann, c’est vivre l’Alsace autrement, au plus près des racines et des inspirations qui façonnent sa culture. Pour découvrir plus de détails ou organiser vos visites, les sites de la Maison du Tourisme Alsace, du Patrimoine religieux, ou des Sites catholiques de France sont des ressources précieuses et actuelles.

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